Une lettre à Sarkozy qui traduit le malaise des journalistes

Publié le par Maude ML

Le journalisme, l'information, les médias vont mal en France. C'est le message qu'ont voulu faire passer les syndicats de journalistes français (SNJ, SNJ-CGT et USJ-CFDT) auprès du président de la République en lui adressant une lettre ouverte hier, jeudi 5 novembre, à l'occasion de la journée européenne "Stand up for journalism" (Debout pour le journalisme).

Ces syndicats expliquent dans cette lettre que "la situation des médias s’est sensiblement aggravée. Il n’est pas un jour sans qu’un journal, un hebdomadaire, une radio, une télévision ne licencie des journalistes en prétextant la crise économique." Ou bien refusent d'embaucher, abusent des stagiaires, des pigistes, des bénévoles..."A France 24, on propose aux pigistes le statut d’auto-entrepreneur, contraire à la convention collective des journalistes. Il est choquant que le service public, où l’Etat est le principal actionnaire, donne le mauvais exemple de la précarisation des emplois !"

Un constat amer et précis
"2 300 journalistes - c’est un premier bilan - seraient venus gonfler les rangs des chômeurs", affirme le communiqué. "Pour une profession regroupant 38 000 salariés la saignée est énorme." Plans sociaux, précarisation, non protection de sources, arrêt de la publicité dans l'audiovisuel public, perte du pluralisme... les syndicats font  un constat amer et précis de la situation actuelle de la profession. "Oui les journalistes ont le devoir d’informer. Mais pour ce faire il faudrait leur reconnaître des droits et des conditions de travail compatibles avec un vrai travail d’investigation et de vérification. Une information de qualité se doit d’être libérée du poids des actionnaires, des fonds de pension, des publicitaires et des politiques. Qu’attend la France pour reconnaitre par la loi l’indépendance des rédactions face aux groupes industriels qui contrôlent notre profession ?" La question qui fâche est posée. Je serai bien curieuse de connaître la réponse du chef de l'Etat...

Et la lettre de poursuivre : "Parallèlement le contrôle du pouvoir devient de plus en plus prégnant à la suite de votre décision de nommer vous-même les dirigeants des chaînes, exemple unique en Europe. Le temps de l’ORTF où le ministre de l’information dictait sa loi ne semble plus si lointain." Et c'est là que me vient la question sans doute la plus essentielle : quel intérêt d'envoyer une telle lettre au chef de l'Etat, si sa volonté semble être de contrôler les médias ? Pour lui fournir la preuve qu'il est sur la bonne voie et qu'il peut continuer ? Je pense que cette lettre ne devrait pas tant être destinée au chef de l'Etat qu'aux citoyens du pays, afin qu'ils prennent conscience de ce qui est en train de se passer... Nicolas Sarkozy, lui, le sait sans doute très bien.


Pour aller plus loin :
Les trois syndicats français SNJ, SNJ-CGT et USJ-CFDT, membres de la Fédération Européenne des Journalistes, demandent au président de la République française :
1) "d’accéder à leur demande d’une réforme législative qui viserait à reconnaître enfin l’indépendance juridique des équipes rédactionnelles quelles que soient la forme de presse et la taille de l’entreprise médiatique ;
2)  de veiller à ce que les aides publiques à la presse ne servent plus seulement à enrichir des actionnaires ni à regarnir provisoirement des trésoreries, mais accompagnent des politiques volontaristes privilégiant la qualité de l’information et la sauvegarde des emplois ;
3) de garantir des ressources pérennes pour que les services publics de radio et de télévision remplissent pleinement l’intégralité de leurs missions ;
4) de confirmer à l’audiovisuel extérieur de la France ses missions dans toute leur plénitude ou leur diversité."
Lire la lettre en entier sur le site du SNJ

Publié dans Médias

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
<br /> 2 300 sur 38 000... Misère, c'est prêt de 15% des effectifs...<br /> <br /> Mais pourquoi j'ai pas fait cette licence Gestion des Déchets ?! ^^<br /> <br /> <br />
Répondre