"Les journalistes sont partiaux, jamais objectifs"

Une amie, sur Facebook : "Un citoyen colérique : "Oui, les journalistes sont partiaux, jamais objectifs !!!"... Deux minutes plus tard, le même homme s'offusque parce que je refuse de signer sa pétition anti-LGV : "Vous êtes citoyenne ou pas?"... Cela m'a fait sourire, mais ce n'est qu'une illustration de la mauvaise compréhension qu'ont les gens du métier de journaliste, et des devoirs rattachés à ce métier.
Deux textes fondateurs
Selon la Charte des devoirs professionnels des journalistes français (1918, révisée en 1038), un journaliste, digne de ce nom :
- ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
- ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière ;
- n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
- revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ; (...)
Cette Charte a été adoptée dès 1918 par le SNJ, ainsi que par les autres syndicats et, implicitement, par l’ensemble des journalistes français. On enseigne notamment ces grands principes dans les écoles de journalisme.
- ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
- ne signe pas de son nom des articles de réclame commerciale ou financière ;
- n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
- revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ; (...)
Cette Charte a été adoptée dès 1918 par le SNJ, ainsi que par les autres syndicats et, implicitement, par l’ensemble des journalistes français. On enseigne notamment ces grands principes dans les écoles de journalisme.
Un autre texte fait aussi référence à ces devoirs que le journalisme se doit d'accomplir. Il s'agit d'un texte adopté en 1971, à Munich, par les représentants des fédérations de journalistes de la Communauté européenne, de Suisse et d’Autriche, ainsi que de diverses organisations internationales de journalistes : la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes, qui indique que les devoirs essentiels du journaliste, dans la recherche, la rédaction et le commentaire des événements, sont de :
- respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître ;
- s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ;
- ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
- refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
(...) le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
- respecter la vérité, quelles qu’en puissent être les conséquences pour lui-même, et ce, en raison du droit que le public a de connaître ;
- s’interdire le plagiat, la calomnie, la diffamation, les accusations sans fondement ainsi que de recevoir un quelconque avantage en raison de la publication ou de la suppression d’une information ;
- ne jamais confondre le métier de journaliste avec celui du publicitaire ou du propagandiste ; n’accepter aucune consigne, directe ou indirecte, des annonceurs ;
- refuser toute pression et n’accepter de directives rédactionnelles que des responsables de la rédaction.
(...) le journaliste n’accepte, en matière d’honneur professionnel, que la juridiction de ses pairs, à l’exclusion de toute ingérence gouvernementale ou autre.
Les journalistes, interdits de manifestations ?
Ce sont là quelques-uns des grands principes de déontologie du journalisme, sur le sujet qui nous intéresse (il y en a bien d'autres). On voit bien, selon ces principes, que le journaliste ne doit pas être partial, ni défendre au travers de son travail une cause plutôt qu'une autre, ni servir ses convictions politiques.
Chaque entreprise de presse peut aussi ajouter à ces textes une charte de déontologie qui lui est propre. Ainsi, celle de Radio France International (RFI) demande également à ses journalistes de ne participer à "aucune manifestation qui, par sa nature ou par la rétribution proposée, porterait atteinte à l'image de la profession et de RFI en particulier". Il faut aussi "veiller à ne pas établir de relations qui relèveraient de la connivence ou de la complicité avec les responsables de tous pouvoirs, de tous partis ou organisations." Les associations militantes en font partie. Impossible donc de signer une pétition, de participer publiquement à une manifestation, etc.
A propos de l'indépendance financière
J'aimerais aussi revenir sur un article que je considère très important, de la déclaration des droits des journalistes (Munich, 1971) : "En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique."
Ce droit en particulier a été rédigé pour que les journalistes ne soient pas contraints - pour vivre - d'accepter des petits cadeaux (ou pots-de-vin), ni de verser dans la publicité ou la propagande pré-citée. Le journaliste devrait être assez à l'aise financièrement pour pouvoir vivre de son travail, de façon à garantir son indépendance. C'est là que le bât blesse : comme ce n'est pas toujours le cas, et avec la précarisation de la profession, c'est la porte ouverte à quelques dérives...
Ce sont là quelques-uns des grands principes de déontologie du journalisme, sur le sujet qui nous intéresse (il y en a bien d'autres). On voit bien, selon ces principes, que le journaliste ne doit pas être partial, ni défendre au travers de son travail une cause plutôt qu'une autre, ni servir ses convictions politiques.
Chaque entreprise de presse peut aussi ajouter à ces textes une charte de déontologie qui lui est propre. Ainsi, celle de Radio France International (RFI) demande également à ses journalistes de ne participer à "aucune manifestation qui, par sa nature ou par la rétribution proposée, porterait atteinte à l'image de la profession et de RFI en particulier". Il faut aussi "veiller à ne pas établir de relations qui relèveraient de la connivence ou de la complicité avec les responsables de tous pouvoirs, de tous partis ou organisations." Les associations militantes en font partie. Impossible donc de signer une pétition, de participer publiquement à une manifestation, etc.
A propos de l'indépendance financière
J'aimerais aussi revenir sur un article que je considère très important, de la déclaration des droits des journalistes (Munich, 1971) : "En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique."
Ce droit en particulier a été rédigé pour que les journalistes ne soient pas contraints - pour vivre - d'accepter des petits cadeaux (ou pots-de-vin), ni de verser dans la publicité ou la propagande pré-citée. Le journaliste devrait être assez à l'aise financièrement pour pouvoir vivre de son travail, de façon à garantir son indépendance. C'est là que le bât blesse : comme ce n'est pas toujours le cas, et avec la précarisation de la profession, c'est la porte ouverte à quelques dérives...
Mais il ne faut pas mettre tous les journalistes dans le même panier. La plupart d'entre eux ont une conscience professionnelle, et plutôt que de manquer à leurs devoirs, ils exercent simplement, à côté de leur métier, un job alimentaire qui n'a rien à voir, et qui n'interfère en rien dans leur intégrité.
Les textes français :
- Lire la Charte des devoirs professionnels des journalistes français
- Lire la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes
Et pour voir ce qui se fait ailleurs (Belgique et Québec) :
- Un dossier intitulé Journalisme, déontologie et engagement politique (PDF), par l'Association Générale des Journalistes Professionnels de Belgique (AGJPB)
- Un article du 5 février 2007 de Gabrielle Lefebvre (AGJPB) sur "Ce qui nous rassemble, la déontologie"
- Le code de déontologie des journalistes membres de la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes du Québec)
- Lire la Charte des devoirs professionnels des journalistes français
- Lire la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes
Et pour voir ce qui se fait ailleurs (Belgique et Québec) :
- Un dossier intitulé Journalisme, déontologie et engagement politique (PDF), par l'Association Générale des Journalistes Professionnels de Belgique (AGJPB)
- Un article du 5 février 2007 de Gabrielle Lefebvre (AGJPB) sur "Ce qui nous rassemble, la déontologie"
- Le code de déontologie des journalistes membres de la FPJQ (Fédération professionnelle des journalistes du Québec)